Amazon, tout le monde connait. Il s’agit du leader mondial du commerce en ligne. Créée au milieu des années 1990 par Jeff Bezos, cette entreprise américaine initialement spécialisée dans les livres a considérablement diversifié son offre. Avec plus de 250 millions de références en stock, elle propose ainsi aujourd’hui à peu près tout : DVD, jeux vidéos, high-tech, musique, produits alimentaires et ustensiles de cuisine, robots ménagers, produits d’hygiène et de santé, meubles, outils, etc. C’est un peu la caverne d’Ali Baba.
Qui n’a jamais passé commande sur Amazon ? Abordable, facile, rapide : hop, quelques clics et c’est commandé ! Oui, mais ne vous êtes-vous jamais demandé comment cela se passe de l’autre côté de votre écran ? Ce qu’engendre votre commande ? Comment une telle société est capable de détenir un monopole ? De tout vendre ou presque sur sa plateforme en ligne, dans des délais très courts, à des prix très attractifs et avec livraison gratuite (ou à 0,01 €) chez vous ?
C’est une amie libraire qui m’avait tout d’abord alertée sur les conditions de travail déplorables d’Amazon il y a déjà quelques années, m’expliquant aussi que l’entreprise nuisait fortement aux petites librairies indépendantes. Depuis, j’avais toujours conservé un œil vigilant sur ce site, en y faisant des achats avec parcimonie. Mais je n’avais jamais creusé. Je n’étais jamais vraiment allée à la pêche aux infos pour en savoir plus. Jusqu’à cette année. Et je peux vous dire que j’ai trouvé beaucoup de choses pas clean du tout !
Aujourd’hui, je n’achète plus rien sur Amazon. Et j’ai envie de partager avec vous mes découvertes. J’espère que cela pourra vous inciter à vous tourner vers d’autres alternatives qu’Amazon.
L’envers du décor : que se cache-t-il derrière un clic ?
Des procédures judiciaires
Les méthodes et la loyauté d’Amazon sont régulièrement dénoncées. La société contourne les lois et rencontre régulièrement des problèmes avec la justice dans de nombreux pays. On lui reproche par exemple d’avoir des pratiques abusives envers ses fournisseurs français. Ou encore de ne pas payer ses impôts à hauteur de son chiffre d’affaires. Elle déclare notamment ses revenus dans les pays où l’imposition lui est plus favorable, grâce à des magouilles entre filiales au niveau des facturations. Ce ne sont que deux exemples parmi d’autres.
Des conditions de travail extrêmes
Amazon est une multinationale qui n’a rien d’éthique. Elle ne vise que la rentabilité et le « toujours plus » au détriment du bien-être de ses employés. Les centres de stockage sont démesurés, avec des kilomètres d’étagères. Les ouvriers, souvent en emploi précaire, s’escriment à la tâche : marcher pendant des heures pour prélever les marchandises sur les étagères, empiler ces marchandises sur un chariot, puis emmener le chariot à une autre personne qui va s’occuper de préparer les colis à la chaîne, pendant toute la journée. Les charges peuvent être très lourdes, les pauses sont chronométrées, les employés n’ont pas le droit de discuter… Sans compter les fouilles pour s’assurer qu’ils n’ont rien volé. Voilà le quotidien des employés d’Amazon, pour laquelle tous les temps doivent être optimisés, de A à Z. La cadence est donc très soutenue, la pression permanente, ce qui crée tout sauf un climat de travail agréable.
Concurrence et déshumanisation
Les employés sont sans cesse évalués, en compétition les uns avec les autres. La notion d’entraide semble inconnue « en Amazonie ». L’entreprise encouragerait même la délation entre collègues grâce à un logiciel qui servirait tout bonnement à critiquer les autres ! Tout employé pourrait en effet donner son opinion sur le travail d’une autre personne via ce logiciel, qui élabore un classement avec les données reçues. Les employés se trouvant en bas du classement auraient de grandes chances de se faire renvoyer car jugés pas assez productifs/rentables. Amazon serait effectivement connue pour facilement renvoyer les personnes qu’elles jugent inaptes et pour exploiter les autres jusqu’à la moelle. Le site du journal Libération indique que les employés épuisés quittent d’eux-mêmes Amazon, ou sont invités à changer de poste grâce à la compétition interne baptisée « Organization Level Review » , qui consiste à noter et à réassigner de nouvelles tâches aux salariés.
Chez Amazon, ne tombez pas enceinte ou malade, vous risqueriez de vous voir rétrogradé(e) ou même viré(e) ! Le Figaro.fr révèle en effet que certaines personnes ont été remerciées de leur poste suite à un cancer du sein ou à une fausse couche par exemple, en raison de doutes quant à l’efficacité de leur travail.
Les employés modèles, quant à eux, ont le « privilège » d’être surnommés les « Amabots »… les robots d’Amazon. Ça fait froid dans le dos, vous ne trouvez pas ? 😨
Une histoire de pots-de-vins…
Comme si tout cela ne suffisait pas, Amazon fait aussi dans la corruption. Selon le site américain Quartz, la société offrirait des avantages à ses employés lorsque ceux-ci acceptent de vanter leurs conditions de travail sur les réseaux sociaux. Bons d’achat, nourriture ou encore une journée de congé payé sont autant de récompenses que les employés peuvent recevoir.
Par ailleurs, le Wall Street Journal a pointé du doigt le fait que des vendeurs présents sur la plate-forme Amazon verseraient des pots-de-vin à des employés de la société pour qu’ils suppriment des commentaires négatifs sur leurs produits. Certains d’entre eux revendraient également des données confidentielles à des entreprises tierces. Ce sont apparemment des pratiques qui seraient courantes en Chine.
Bref, je ne vais pas vous déterrer tous les dossiers que j’ai pu trouver sur Amazon, mais sachez qu’il y en a un paquet.
Un journaliste embauché incognito comme intérimaire de nuit chez Amazon pendant une courte période, Jean-Baptiste Malet, a même publié un livre suite à son expérience, intitulé « En Amazonie. Infiltré dans « le meilleur des mondes » » , aux éditions Fayard. Le comble, c’est que ce livre est vendu sur Amazon !
Soutenir les librairies indépendantes…
Si vous aimez lire, je pense que vous comprendrez qu’il est important de défendre le métier des libraires. Celui-ci connaît de grandes difficultés ces dernières années. Certaines librairies finissent même par mettre la clé sous la porte. À cause du monopole d’Amazon, mais aussi parce qu’il semblerait que de moins en moins de gens lisent (des livres papier). Et parce qu’il est très difficile de trouver repreneur quand un libraire part à la retraite. Les charges sont en effet souvent bien trop élevées. Pas plus tard que cette année, une des librairies emblématiques de Nice a dû fermer, faute de repreneur.
Rendez-vous chez votre libraire
Prenez ainsi l’habitude de vous rendre dans l’une des librairies de votre ville pour acheter vos livres. Et si le titre souhaité n’est pas disponible, demandez-lui tout simplement de le commander pour vous ! Si votre temps est précieux, le plus simple est de contacter la librairie pour savoir si elle a le livre que vous recherchez ou si elle doit vous le commander. Cela vous évitera un déplacement si le livre n’est pas en stock. Et lorsque vous vous y rendrez, ce sera pour récupérer votre livre qui vous y attendra. 😉
Amazon Killer
Une autre possibilité est d’utiliser Amazon Killer. Il s’agit d’une extension web permettant de rechercher un livre sur Amazon et de l’acheter dans une vraie librairie (l’extension va vous proposer les librairies ayant l’ouvrage en stock), sans débourser un centime sur Amazon-même.
Lalibrairie.com
Enfin, Lalibrairie.com est un site sur lequel vous pouvez commander vos livres. Vous allez ensuite les récupérer chez l’un des libraires/maisons de la presse partenaires, en France et en Belgique. Dans les autres pays, les livres sont livrés à domicile et les frais de ports sont à la charge de l’acheteur. En Belgique, les clients peuvent choisir entre un retrait gratuit en librairie et une livraison payante à domicile.
… Et les petits éditeurs
Certaines maisons d’édition ont une boutique en ligne sur laquelle vous pouvez également commander les ouvrages qu’elles éditent. Pensez-y ! Quand on connaît les difficultés qu’ont certaines (petites) maisons d’édition à s’en sortir également, c’est bien aussi de les soutenir ! 😉
Qu’en est-il des livres que j’écris ?
Mes livres sont, comme les autres, en vente sur Amazon (ce n’est pas de mon fait !). Je n’en ai jamais fait la promotion. Et je vous invite bien évidemment à vous les procurer dans une vraie librairie ou à les commander sur le site-même de mon éditeur Rue de l’Échiquier. Certes, vous paierez des frais de port (ils sont toutefois offerts à partir de 25 euros). Mais n’est-ce pas mieux de donner quelques euros supplémentaires à des personnes qui travaillent de manière humaine et respectueuse, plutôt que d’engraisser/cautionner une multinationale pas du tout éthique comme Amazon ?
Je ne sais pas ce qu’il en est des autres maisons d’édition, mais je trouve que je suis chanceuse d’être chez mon éditeur, avec qui j’ai de très bons rapports et où je sens véritablement un côté humain, de l’écoute et du sens, notamment à travers sa ligne éditoriale engagée. C’est aussi le seul, si je ne dis pas de bêtise, à vouloir tenter de sauver les livres du pilon. Il faut en effet savoir que dans le monde de l’édition, les livres abimés, invendus ou défectueux, sont voués à la destruction. Le pilon est la machine qui se charge de les détruire. Ainsi, chaque année, Rue de l’Échiquier récupère à ses frais les livres que les libraires ne veulent plus garder pour les vendre à prix bradés lors d’une journée dédiée. Et ça, c’est la classe. 😎
Conclusion de tout cela
Le travail en entrepôt, en usine, est difficile partout. C’est certain. Amazon ne fait donc pas exception. Alors pourquoi pointer du doigt cette entreprise ? Parce que les conditions là-bas semblent pires qu’ailleurs, parce qu’elle écrase tout autre concurrent, qu’elle a la toute puissance et qu’elle empêche les libraires indépendants, entre autres professions, de travailler, voire les contraint à fermer boutique.
Les librairies de quartier, de même que les autres commerces, participent à la vie de la ville, jouent un rôle important. Essayez de ne plus avoir pour premier réflexe de vous ruer sur Amazon pour vos achats (livres ou autres) : il y a des alternatives ! Prenez l’habitude de passer d’abord par les boutiques physiques (cela fait marcher le commerce local, engendre moins de déchets car pas d’emballage…), ou par d’autres sites de vente en ligne plus éthiques, avant d’envisager Amazon.
Modérons nos achats sur cette plate-forme. Et arrêtons de vouloir les choses tout de suite. Oui, avec Amazon il est possible de réceptionner sa commande en moins d’une heure, mais cela est-il vraiment indispensable ? Votre vie va-t-elle s’arrêter si vous recevez l’objet de votre convoitise une semaine plus tard ? Réapprenons à prendre le temps, à attendre que les choses se fassent. Rendons-nous compte qu’il y a des êtres humains derrière tout ça, et non des robots, et que, de la sorte, ils n’ont pas à subir le rythme de machines.
Remarques :
J’ai axé mon article sur les livres, car ce sont les libraires qui semblent pâtir le plus du monopole d’Amazon. Mais cela est valable pour les autres produits également, car les conditions de travail des employés d’Amazon, elles, ne changent pas, qu’il s’agisse de livres ou de tout autre chose. Il est donc important de modifier nos habitudes d’achat, de montrer notre mécontentement, pour que, je l’espère, la situation de ces employés puisse elle aussi évoluer, et pour qu’Amazon ne soit plus Dieu.
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ça fait maintenant quelques années que je boycotte Amazon à cause des raisons que tu viens d'évoquer.
Lorsque je souhaite acheter un livre, j'appelle toujours mon libraire qui passe une commande s'il n'a pas le livre en stock. C'est simple et aussi rapide 😀
Ah, super ! Merci Magalie pour ton commentaire !
MERCI pour cet article, bien sûr un appel à aller voir les libraires me touche particulièrement 😉 J'ajouterais qu'en librairie on a en plus des conseils personnalisés (et non les suggestions de logiciels d'analyse de données) qui font sortir de sa zone de confort littéraire et font découvrir des auteurs et des sujets auxquels on ne se serait pas forcément intéressé de prime abord. Et oui, Chapeau à ton éditeur <3
Merci pour cet article,
Pour les conditions de travail ,je vous invite à voir le film « Nos batailles » qui ,même en fiction ,nous donne un juste aperçu des conditions de travail dans ces entreprises qui ponctionnent le marché en faisant fi de leurs salariés. En outre c’est un excellent film qui nous posent bien d’autres questions .
Mais de rien 🙂 C'est un peu grâce à toi que j'en suis arrivée à faire un article sur le sujet finalement 😉 Et oui, tu as raison, je n'avais pas pensé au fait qu'un libraire puisse aiguiller les lecteurs de manière personnalisée, c'est un avantage !
Ah, merci pour la suggestion ! Je ne connais pas ce film mais je note de le voir alors !
Merci pour cet article : je suis on ne peut plus d'accord sur la nécessité de faire vivre les librairies. Mais je me heurte pour ma part à un problème insoluble : dans ma ville (Cannes, ni petite ni gigantesque donc), il n'y a purement et simplement plus de libraires. Il y a la Fnac, à qui j'accorde parfois mes faveurs, mais sur place, je ne trouve jamais ce que je veux, ou alors en mauvais état (livres cornés, feuille froissées). Quand je commande, le temps de livraison est nettement plus long que sur Amazon, et comme je commande régulièrement des bouquins spécifiques pour mon travail, j'en ai souvent un besoin urgent. Le résultat, c'est que j'achète au final le plus souvent sur Amazon, tout en désapprouvant ses méthodes, tout simplement parce que c'est la seule solution semi-satisfaisante qui s'offre à moi. Si seulement un libraire pouvait avoir la bonne idée de se réinstaller à Cannes !
Argh ! Sérieusement, il n'y a aucune librairie à Cannes ?!?
Non !!! Ca m'a déprimée quand je m'y suis installée… Et une médiathèque de centre ville toute neuve, mais où l'aménagement a été favorisé par rapport au contenu – 4000 livres pour enfants passés au pilon, et au moins autant pour adultes… parce qu'il n'y avait pas assez de place dans un local quatre fois plus grand que l'ancienne bibliothèque. Snif…
Non arrête, pas possible ?!? C'est une honte… 🙁
Tout à fait d'accord avec toi, j'essaye d'éviter Amazon au maximum mais malheureusement une fois j'ai du "craquer" car il reste très efficace niveau délai.. à quel prix c'est sur.. globalement j'essaye de surveiller mes achats sur le net, meme si cela reste une bonne chose pour faire rayonner les petites marques 🙂
Et oui, moi aussi ça peut m'arriver de devoir acheter sur Amazon, quand je n'ai pas le choix ! Mais cela reste très occasionnel, je m'efforce toujours de chercher une autre solution, et de dire aux gens : « il y a d'autres alternatives, ne vous ruez pas systématiquement sur Amazon pour acheter !» 😉
Merci pour cet article. J'espère que plein de gens vont le lire car peu de personnes connaissent ces faits. Je boycottais déjà le site. Le récent scandale des invendus neufs détruits dans les entrepôts a confirmé mon choix.
Merci pour ton commentaire Fanny ! Oui, moi aussi, le dernier scandale concernant Amazon a été une goutte d'eau de trop… N'hésite pas à partager mon article pour toucher le plus de monde possible, c'est important que ça se sache !
Bonjour, (peut-être trop tard pour intervenir… ?)
Ton article est très intéressant, merci ! Je pressentais tout ce que tu dis, mais là tu m’as définitivement convaincue de toujours commander mes livres en librairies.
Quand tu parles de la façon dont AMAZON fonctionne avec ses employés, ça me fait penser aux 2 mois d’intérim que j’ai passés dans une succursale d’une marque US très célèbre de boîtes et ustensiles culinaires, ici en France, au service compta.
J’ai été sidérée de découvrir les missions, défis, challenges (je ne sais plus comment ils appellent ça, il y a des forums ou des personnes racontent tout ça, et ça fait froid dans le dos !). Et surtout les espèces de grands messes dignes d’une secte ayant lieu chaque semaine avec tous les représentants, leurs chefs de secteur, etc. Entre des séquences de musique bien ringarde de grosse fête, la directrice d’agence faisait le topo des résultats de chacun, qui est honoré (bravo scandés, applaudissements chaleureux) , ou hué (hou hou carrément) devant tout le monde. Et je peux vous dire que tout le monde s’y met avec bon cœur, voire zèle (car la directrice surveille son monde) ! Ça faisait un potin du diable (tiens tiens… le diable) à tel point qu’il était impossible de bosser dans le bureau d’à côté. Mais surtout : quelle désolation de voir que c’est possible de traiter son personnel comme ça ! Horrible ! Décadent !
Franchement, je me demandais où j’étais tombée. J’étais bien contente de quitter cette folie et j’ai refusé quand on m’a appelée pour rempiler (et cautionner ce système) l’année d’après malgré une période de précarité difficile pour moi. Mais ça a été une expérience très édifiante pour moi : si on me l’avait raconté, je n’y aurais pas cru.
Oh, mais non, il n’est jamais trop tard pour intervenir ! Et je te remercie chaudement de l’avoir fait car ton expérience, ton vécu, prouve que tout ça existe bien ! Et pas seulement chez Amazon malheureusement…