Écologie et zéro déchet

Pourquoi je n’achète pas (de livres) sur Amazon

Amazon, tout le monde connait. Il s’agit du leader mondial du commerce en ligne. Créée au milieu des années 1990 par Jeff Bezos, cette entreprise américaine initialement spécialisée dans les livres a considérablement diversifié son offre. Avec plus de 250 millions de références en stock, elle propose ainsi aujourd’hui à peu près tout : DVD, jeux vidéos, high-tech, musique, produits alimentaires et ustensiles de cuisine, robots ménagers, produits d’hygiène et de santé, meubles, outils, etc. C’est un peu la caverne d’Ali Baba.

Qui n’a jamais passé commande sur Amazon ? Abordable, facile, rapide : hop, quelques clics et c’est commandé ! Oui, mais ne vous êtes-vous jamais demandé comment cela se passe de l’autre côté de votre écran ? Ce qu’engendre votre commande ? Comment une telle société est capable de détenir un monopole ? De tout vendre ou presque sur sa plateforme en ligne, dans des délais très courts, à des prix très attractifs et avec livraison gratuite (ou à 0,01 €) chez vous ?

Image de Tumisu, Pixabay

C’est une amie libraire qui m’avait tout d’abord alertée sur les conditions de travail déplorables d’Amazon il y a déjà quelques années, m’expliquant aussi que l’entreprise nuisait fortement aux petites librairies indépendantes. Depuis, j’avais toujours conservé un œil vigilant sur ce site, en y faisant des achats avec parcimonie. Mais je n’avais jamais creusé. Je n’étais jamais vraiment allée à la pêche aux infos pour en savoir plus. Jusqu’à cette année. Et je peux vous dire que j’ai trouvé beaucoup de choses pas clean du tout ! 

Aujourd’hui, je n’achète plus rien sur Amazon. Et j’ai envie de partager avec vous mes découvertes. J’espère que cela pourra vous inciter à vous tourner vers d’autres alternatives qu’Amazon.

L’envers du décor : que se cache-t-il derrière un clic ?

Des procédures judiciaires

Les méthodes et la loyauté d’Amazon sont régulièrement dénoncées. La société contourne les lois et rencontre régulièrement des problèmes avec la justice dans de nombreux pays. On lui reproche par exemple d’avoir des pratiques abusives envers ses fournisseurs français. Ou encore de ne pas payer ses impôts à hauteur de son chiffre d’affaires. Elle déclare notamment ses revenus dans les pays où l’imposition lui est plus favorable, grâce à des magouilles entre filiales au niveau des facturations. Ce ne sont que deux exemples parmi d’autres.

Des conditions de travail extrêmes

Amazon est une multinationale qui n’a rien d’éthique. Elle ne vise que la rentabilité et le « toujours plus » au détriment du bien-être de ses employés. Les centres de stockage sont démesurés, avec des kilomètres d’étagères. Les ouvriers, souvent en emploi précaire, s’escriment à la tâche : marcher pendant des heures pour prélever les marchandises sur les étagères, empiler ces marchandises sur un chariot, puis emmener le chariot à une autre personne qui va s’occuper de préparer les colis à la chaîne, pendant toute la journée. Les charges peuvent être très lourdes, les pauses sont chronométrées, les employés n’ont pas le droit de discuter… Sans compter les fouilles pour s’assurer qu’ils n’ont rien volé. Voilà le quotidien des employés d’Amazon, pour laquelle tous les temps doivent être optimisés, de A à Z. La cadence est donc très soutenue, la pression permanente, ce qui crée tout sauf un climat de travail agréable.

Presque tous mes collègues ont un jour pleuré à leur bureau.

Bo Olson, ancien employé d’Amazon

On sait que demain, il y a un risque que les personnes autour de soi soient parties ou aient été virées.

Amy Michaels, ancienne empoyée d’Amazon

 
Concurrence et déshumanisation

Les employés sont sans cesse évalués, en compétition les uns avec les autres. La notion d’entraide semble inconnue « en Amazonie ». L’entreprise encouragerait même la délation entre collègues grâce à un logiciel qui servirait tout bonnement à critiquer les autres ! Tout employé pourrait en effet donner son opinion sur le travail d’une autre personne via ce logiciel, qui élabore un classement avec les données reçues. Les employés se trouvant en bas du classement auraient de grandes chances de se faire renvoyer car jugés pas assez productifs/rentables. Amazon serait effectivement connue pour facilement renvoyer les personnes qu’elles jugent inaptes et pour exploiter les autres jusqu’à la moelle. Le site du journal Libération indique que les employés épuisés quittent d’eux-mêmes Amazon, ou sont invités à changer de poste grâce à la compétition interne baptisée « Organization Level Review » , qui consiste à noter et à réassigner de nouvelles tâches aux salariés.

Il y a tellement de turnover que l’on commence à considérer les autres comme des choses interchangeables.

Amy Michaels, ancienne employée d’Amazon

Chez Amazon, ne tombez pas enceinte ou malade, vous risqueriez de vous voir rétrogradé(e) ou même viré(e) ! Le Figaro.fr révèle en effet que certaines personnes ont été remerciées de leur poste suite à un cancer du sein ou à une fausse couche par exemple, en raison de doutes quant à l’efficacité de leur travail.

Les employés modèles, quant à eux, ont le « privilège » d’être surnommés les « Amabots »… les robots d’Amazon. Ça fait froid dans le dos, vous ne trouvez pas ? 😨


Une histoire de pots-de-vins…

Comme si tout cela ne suffisait pas, Amazon fait aussi dans la corruption. Selon le site américain Quartz, la société offrirait des avantages à ses employés lorsque ceux-ci acceptent de vanter leurs conditions de travail sur les réseaux sociaux. Bons d’achat, nourriture ou encore une journée de congé payé sont autant de récompenses que les employés peuvent recevoir.

Par ailleurs, le Wall Street Journal a pointé du doigt le fait que des vendeurs présents sur la plate-forme Amazon verseraient des pots-de-vin à des employés de la société pour qu’ils suppriment des commentaires négatifs sur leurs produits. Certains d’entre eux revendraient également des données confidentielles à des entreprises tierces. Ce sont apparemment des pratiques qui seraient courantes en Chine.

Bref, je ne vais pas vous déterrer tous les dossiers que j’ai pu trouver sur Amazon, mais sachez qu’il y en a un paquet.

Un journaliste embauché incognito comme intérimaire de nuit chez Amazon pendant une courte période, Jean-Baptiste Malet, a même publié un livre suite à son expérience, intitulé « En Amazonie. Infiltré dans « le meilleur des mondes »  » , aux éditions Fayard. Le comble, c’est que ce livre est vendu sur Amazon !

Soutenir les librairies indépendantes…

Si vous aimez lire, je pense que vous comprendrez qu’il est important de défendre le métier des libraires. Celui-ci connaît de grandes difficultés ces dernières années. Certaines librairies finissent même par mettre la clé sous la porte. À cause du monopole d’Amazon, mais aussi parce qu’il semblerait que de moins en moins de gens lisent (des livres papier). Et parce qu’il est très difficile de trouver repreneur quand un libraire part à la retraite. Les charges sont en effet souvent bien trop élevées. Pas plus tard que cette année, une des librairies emblématiques de Nice a dû fermer, faute de repreneur.

Rendez-vous chez votre libraire

Prenez ainsi l’habitude de vous rendre dans l’une des librairies de votre ville pour acheter vos livres. Et si le titre souhaité n’est pas disponible, demandez-lui tout simplement de le commander pour vous ! Si votre temps est précieux, le plus simple est de contacter la librairie pour savoir si elle a le livre que vous recherchez ou si elle doit vous le commander. Cela vous évitera un déplacement si le livre n’est pas en stock. Et lorsque vous vous y rendrez, ce sera pour récupérer votre livre qui vous y attendra. 😉

Amazon Killer

Une autre possibilité est d’utiliser Amazon Killer. Il s’agit d’une extension web permettant de rechercher un livre sur Amazon et de l’acheter dans une vraie librairie (l’extension va vous proposer les librairies ayant l’ouvrage en stock), sans débourser un centime sur Amazon-même.

Lalibrairie.com

Enfin, Lalibrairie.com est un site sur lequel vous pouvez commander vos livres. Vous allez ensuite les récupérer chez l’un des libraires/maisons de la presse partenaires, en France et en Belgique. Dans les autres pays, les livres sont livrés à domicile et les frais de ports sont à la charge de l’acheteur. En Belgique, les clients peuvent choisir entre un retrait gratuit en librairie et une livraison payante à domicile.

… Et les petits éditeurs

Certaines maisons d’édition ont une boutique en ligne sur laquelle vous pouvez également commander les ouvrages qu’elles éditent. Pensez-y ! Quand on connaît les difficultés qu’ont certaines (petites) maisons d’édition à s’en sortir également, c’est bien aussi de les soutenir ! 😉

Qu’en est-il des livres que j’écris ?

Mes livres sont, comme les autres, en vente sur Amazon (ce n’est pas de mon fait !). Je n’en ai jamais fait la promotion. Et je vous invite bien évidemment à vous les procurer dans une vraie librairie ou à les commander sur le site-même de mon éditeur Rue de l’Échiquier. Certes, vous paierez des frais de port (ils sont toutefois offerts à partir de 25 euros). Mais n’est-ce pas mieux de donner quelques euros supplémentaires à des personnes qui travaillent de manière humaine et respectueuse, plutôt que d’engraisser/cautionner une multinationale pas du tout éthique comme Amazon ?

Je ne sais pas ce qu’il en est des autres maisons d’édition, mais je trouve que je suis chanceuse d’être chez mon éditeur, avec qui j’ai de très bons rapports et où je sens véritablement un côté humain, de l’écoute et du sens, notamment à travers sa ligne éditoriale engagée. C’est aussi le seul, si je ne dis pas de bêtise, à vouloir tenter de sauver les livres du pilon. Il faut en effet savoir que dans le monde de l’édition, les livres abimés, invendus ou défectueux, sont voués à la destruction. Le pilon est la machine qui se charge de les détruire. Ainsi, chaque année, Rue de l’Échiquier récupère à ses frais les livres que les libraires ne veulent plus garder pour les vendre à prix bradés lors d’une journée dédiée. Et ça, c’est la classe. 😎

Conclusion de tout cela

Le travail en entrepôt, en usine, est difficile partout. C’est certain. Amazon ne fait donc pas exception. Alors pourquoi pointer du doigt cette entreprise ? Parce que les conditions là-bas semblent pires qu’ailleurs, parce qu’elle écrase tout autre concurrent, qu’elle a la toute puissance et qu’elle empêche les libraires indépendants, entre autres professions, de travailler, voire les contraint à fermer boutique.

Les librairies de quartier, de même que les autres commerces, participent à la vie de la ville, jouent un rôle important. Essayez de ne plus avoir pour premier réflexe de vous ruer sur Amazon pour vos achats (livres ou autres) : il y a des alternatives ! Prenez l’habitude de passer d’abord par les boutiques physiques (cela fait marcher le commerce local, engendre moins de déchets car pas d’emballage…), ou par d’autres sites de vente en ligne plus éthiques, avant d’envisager Amazon.

Modérons nos achats sur cette plate-forme. Et arrêtons de vouloir les choses tout de suite. Oui, avec Amazon il est possible de réceptionner sa commande en moins d’une heure, mais cela est-il vraiment indispensable ? Votre vie va-t-elle s’arrêter si vous recevez l’objet de votre convoitise une semaine plus tard ? Réapprenons à prendre le temps, à attendre que les choses se fassent. Rendons-nous compte qu’il y a des êtres humains derrière tout ça, et non des robots, et que, de la sorte, ils n’ont pas à subir le rythme de machines.

Remarques :
J’ai axé mon article sur les livres, car ce sont les libraires qui semblent pâtir le plus du monopole d’Amazon. Mais cela est valable pour les autres produits également, car les conditions de travail des employés d’Amazon, elles, ne changent pas, qu’il s’agisse de livres ou de tout autre chose. Il est donc important de modifier nos habitudes d’achat, de montrer notre mécontentement, pour que, je l’espère, la situation de ces employés puisse elle aussi évoluer, et pour qu’Amazon ne soit plus Dieu.

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