Avant, les anciens vivaient et se nourrissaient au rythme de saisons. Au rythme de la nature. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Dans les supermarchés, la saisonnalité n’existe pas : on trouve les mêmes fruits et légumes, été comme hiver. Dans la plupart des restaurants, même topo : aubergines, courgettes ou tomates en hiver… la ratatouille ou les petits farcis niçois, c’est pour l’été, non mais ! Découvrons ensemble l’importance des saisons.
Un manque de sensibilisation et d’intérêt
Il me semble qu’il n’y a pas suffisamment de sensibilisation du public, que très peu est fait pour informer le consommateur. À commencer par les plus jeunes. Je ne sais pas si une sensibilisation au respect des saisons est effectuée dans les écoles, mais des témoignages que j’ai pu recevoir, il en ressort que la plupart des cantines scolaires – et d’entreprises – ne respectent malheureusement pas les saisons pour élaborer les repas servis. Et quand bien même il y aurait un apprentissage de la saisonnalité par le corps enseignant, il faudrait aller jusqu’au bout en proposant également des repas de saison à la cantine. Sinon, cela ne sert à rien, l’enfant ne comprendra pas !
Heureusement qu’il y a malgré tout des communes qui œuvrent en ce sens. Citons par exemple la ville de Mouans-Sartoux, qui propose des repas à base d’ingrédients biologiques, de saison et au maximum en circuit court aux écoliers !
Mais vu le manque global de sensibilisation, il n’est ainsi pas étonnant que le consommateur s’y perde. Voire même qu’il ne se soit jamais posé la question de la saisonnalité. En effet, quand on a été habitué depuis toujours à voir dans les grandes surfaces (et pas que les grandes d’ailleurs) les mêmes légumes tout au long de l’année, sans qu’il y ait un moment où le chou ou le poivron soit absent des étals, cela paraît donc normal. Il ne peut nous venir à l’idée que, peut-être, un poivron n’est pas censé pousser en hiver sous nos latitudes.
Les saisons existent, et ce n’est pas pour rien. Une tomate, par exemple, a besoin de lumière et de chaleur pour pousser, rougir et devenir savoureuse. Ce n’est donc pas en hiver qu’elle poussera. Ou alors dans un pays très chaud peut-être, tel que le Chili… mais mangeons local !
Pourquoi respecter les saisons
Consommer de saison, c’est respecter le rythme de la nature. Chaque chose en son temps. La nature nous offre ce dont nous avons besoin, quand nous en avons besoin. Les chaleurs estivales nous donnent chaud et soif ? Nous avons envie de manger léger ? La nature nous offre des tomates, pastèques, concombres ou encore pêches en été. À l’inverse, l’hiver nous ressentons le besoin de manger plus chaud et roboratif. Cela tombe bien, c’est la saison des légumes-racines, pommes de terre, courges et choux de toutes sortes… de quoi faire des ragouts, potées, couscous aux légumes d’hiver ou encore soupes réconfortant·e·s.
Consommer de saison permet d’avoir de bons nutriments pour notre organisme, puisés dans des fruits et légumes qui auront poussé à la saison qui leur correspond, et donc à leur plein potentiel ! Leur saveur sera également incomparable… et leur prix bien souvent moins cher qu’en hors-saison.
D’ailleurs, la saisonnalité vaut aussi pour le fromage, la viande, les céréales ou encore le poisson ! On met encore moins cet aspect en avant que pour les fruits et légumes, et pourtant, les saisons existent aussi pour ces produits.
Soulignons également, et surtout, que ce qui se cache derrière des produits non saisonniers, ce sont des produits (même biologiques) qui poussent sous serres chauffées et/ou qui viennent de (très) loin.
La province d’Almería, en Espagne
Les tomates que vous trouvez sur les étals en hiver poussent de manière intensive et hors-sol dans d’immenses serres. Ces dernières sont parfois chauffées et éclairées. Elles se trouvent généralement en Espagne, et plus particulièrement dans la région d’Almería. Elles recouvrent des milliers d’hectares. Des milliers d’hectares de nature dévastée.
Cette province constitue en effet le premier exportateur de fruits et de légumes pour l’Europe du Nord, tout au long de l’année, quelle que soit la saison. Il s’agit d’une région aride, manquant cruellement d’eau. Cette agriculture intensive ne fait qu’accroître le problème, en puisant dans (et en polluant) les nappes phréatiques.
Almería embauche des travailleurs immigrés, souvent sans papier, dans des conditions de travail et de rémunération absolument scandaleuses. Ces pauvres employés sont quasiment réduits à un état d’esclavage. Ils inhalent des pesticides et autres produits chimiques à longueur de journée (ils n’ont bien souvent aucun équipement de protection). Ils se tuent à la tâche, ne bénéficient pas de sécurité sociale, et vivent généralement dans des bidonvilles à proximité des serres. Les femmes subiraient aussi souvent des agressions sexuelles. Bref, un impact environnemental et humain considérable… et inadmissible. J’avais vu un reportage un jour, sur le sujet, et ça m’avait fait froid dans le dos. 😟
Et pour en revenir à nos tomates, ces dernières sont cueillies avant maturité. Donc vous pensez bien que le goût s’en ressent… ou l’absence de goût devrais-je dire ? J’ai pris ici l’exemple des tomates, mais il en va de même pour le reste, bien sûr. Je pense notamment aux fraises d’Espagne, vendues à un prix dérisoire… J’ai également choisi de vous parler d’Almería, car c’est l’exemple le plus flagrant. Mais d’autres régions du monde, y compris la France, sont loin d’être irréprochables malheureusement.
Je trouve qu’il est important de connaître l’envers du décor, même si cela remet en cause nos pratiques et habitudes. L’un de mes souhaits les plus chers étant de participer le moins possible à l’exploitation humaine et à la destruction de notre chère planète, dès que je peux personnellement agir en ce sens, je le fais. Et si je peux également, par le biais de mes articles, sensibiliser autrui, alors c’est jackpot. 🙂
Bref, pour toutes ces raisons, mangez des fruits et légumes de saison, idéalement locaux, et bio ou non traités ! 😃
Des solutions pour consommer de saison
Pour manger local et de saison, plusieurs possibilités s’offrent à vous. Vous pouvez faire vos achats auprès d’une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ou d’une Ruche qui dit oui !. Vous pouvez aller au marché, en sélectionnant bien les « vrais » maraîchers et non les revendeurs, ces derniers ne respectant généralement pas ou peu le rythme des saisons. Ou encore, vous pouvez vous rendre directement chez l’agriculteur si cela vous est possible ! Et puis, c’est toujours un plaisir de pouvoir discuter avec la personne qui a planté les légumes. 😊
Pour en savoir plus, je vous invite à consulter mon article 7 façons de soutenir nos paysans et consommer local.
Pour vous aider à connaître et à respecter les saisons, je vous invite également à consulter, voire à imprimer au besoin, les calendriers de consommation des fruits et légumes (et parfois d’autres choses) disponibles sur Internet. Il y a par exemple celui de Greenpeace ou de Biocoop.
À noter que selon votre région (climat), il peut y avoir un décalage de quelques semaines par rapport à ce qui est indiqué sur les calendriers. Et les calendriers eux-mêmes ne sont pas non plus toujours similaires entre eux. Oui, je sais, cela ne facilite pas la tâche ! Mais ça donne quand même une idée relativement précise des saisons pour chaque fruit et légume. 😉
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Merci pour ce bel article bien écrit et plein de bon sens qui se perd trop souvent… Je te confirme que dans les cantines (en tout cas celle de ma ville), les entrées sont régulièrement des tomates ou des concombres, quelque soit la saison !
A la maison, on mange de saison et en provenance de producteurs du marché (on les repère très vite, juste en regardant les étals et le type de légumes en fonction du mois)… mais c'est difficile de trouver à la fois local et bio !
Bonjour Patricia, arf, c'est bien ce que je craignais pour les cantines… :/ Oui, en effet, bio et local, ce n'est pas toujours facile, mais comme je le dis toujours, je ne m'arrête pas qu'aux produits qui portent le label bio : mes maraîchers ne sont pas labellisés, il n'empêche que leurs fruits et légumes ne sont pas traités, proviennent du coin, bien sûr, et sont ultra frais (alors qu'en toute honnêteté, ceux des stands bio (revente et pas forcément local) ne le sont pas autant), bref, voilà voilà. 🙂 Sinon, je suis allée jeter un œil à ton blog, j'adore ce que tu fais, c'est très joli ! ^^ (De toute façon, tout ce qui est manuel/artisanat, me parle ^^)
Merci pour ta réponse et ta visite sur mon blog, ça me fait très plaisir !
Et je suis d'accord avec toi, je pense qu'au final, le local et sans emballage, en agriculture raisonnée, c'est déjà pas mal !
Merci d'écrire à ce sujet, qui me tient vraiment à cœur. Quand je vois depuis des semaines des concombres, des tomates et des courgettes en magasins bio ça m'agace…Mais ce qui m'insupporte le plus, c'est de constater que des personnes les achètent et donc favorise le développement de cette attitude irrespectueuse envers la planète. Pareil pour les restau' : une tomate, du concombre. Sans parler des fruits rouges. Bref, il faut en parler autour de soi, il faut que cela cesse!
Je découvre ton blog par hasard, bonne pioche pour un lundi matin 😉
Je me bats au quotidien avec mes enfants ; ils n'ont connu que les étals ultra garnis et ne comprennent pas quel est le problème des fraises d'Espagne ou des tomates sans goût. Pire, j'ai tenté le lait de ferme juste pasterisé (le cru ne se vend pas en Allemagne), ils n'ont pas l'habitude de ce goût et de la crème qui surnage. Je sens parfois de la frustration à la maison, mais je gère et je tiens bon 🙂 C'est une démarche individuelle, mais j'espère qu'ils emmagisinent le discours inconsciemment.
Je pourrais parler de la cantine pendant des heures, je te donnerai un chiffre : environ 5€ le repas, dont moins de 2 pour le repas en lui même, le reste pour le personnel de surveillance. Pas de miracle à attendre de ce coté … et heureusement qu'ils ont le droit d'amener leur lunchbox ! Bref, y'a du boulot avec la génération qui arrive, mais j'ai bon espoir !
Et oui… Les gens n'ont malheureusement souvent pas conscience de cela… et même quand on tente de leur expliquer pourquoi il est nécessaire d'acheter de saison, il arrive que certains nous répondent (c'est du vécu) : "Ah ben oui mais alors on mange plus rien ! Comment je fais ma ratatouille ? Mes gratins de courgettes ?" (en hiver…) Ils sont juste offusqués… Alors qu'en hiver on peut faire de très bons couscous avec des légumes de saison, des pommes de terre farcies, des navets glacés, sans parler des nombreux choux que nous trouvons en cette saison et qui nous permettent de réaliser toutes sortes de plats différents… Mais à part ça, on ne mange plus rien ! ^^
Merci pour ton retour d'expérience Sécotine ! (Et bienvenue ici ^^) Tu sais que tu es dans le vrai, et à force de tenter de montrer l'exemple à tes enfants, je suis sûre que le message va finir par passer… Peut-être pas tout de suite, mais plus tard, en grandissant, en devenant adultes… Ils ne peuvent pas ne rien retirer du tout de ce que tu leur inculques, quelque chose de bon en ressortira forcément à un moment ou à un autre 😉
je suis tellement d'accord avec cet article! Mon chéri m'a offert un joli calendrier des fruits et légumes de saison et j'apprends plein de choses! Et puis je vais au marché et je me laisse conseiller.
Je me souviens encore de mon émerveillement à la découverte des pommes de terre nouvelles. Des saisons pour les pommes de terre, je n'y aurait jamais pensé!
Hi hi ! Et oui, il y a des saisons pour tout 😉 Oui, les calendriers peuvent être bien pratiques quand on ne s'y connaît pas trop. 🙂